La santé dans tous ses états
Édition 2023Cette année, ce ne sont pas moins de 40 ateliers, un record, qui seront proposés par les scientifiques lors des portes ouvertes de l’Université. La nouveauté de cette dix-septième édition ? Dix rencontres grand public, très rythmées, avec des personnalités de renom, dont René Prêtre, Silke Grabherr, Jean Troillet ou encore Carlo Crisci. Rappel : les inscriptions sont obligatoires.
La santé est le thème qui a guidé les scientifiques de l’UNIL dans la préparation de la dix-septième édition des Mystères, qui aura lieu du 1er au 4 juin 2023. Biologistes, médecins, mais aussi sociologues, psychologues, économistes, juristes, historiens… plus de 300 chercheuses et chercheurs, étudiantes et étudiants, toutes facultés confondues, apporteront des éclairages complémentaires sur la question.
En images
Rencontres 2023
Des conférences, des discussions et des spectacles, plusieurs rendez-vous seront proposés durant le week-end en co-production avec 24 heures.
Organisées sous forme d’animations interactives, ces rencontres seront l’occasion d’échanger avec des spécialistes de différents domaines, sur la science et ses multiples enjeux, le tout dans une ambiance conviviale et familiale.
Pourquoi le cœur bat-il?
Conférence
Chaque jour, le cœur assure la circulation du sang grâce à quelques 100’000 battements, en moyenne. Mais comment parvient-il à fonctionner si naturellement ? Comment est-il alimenté ? Ou encore, comment est-ce possible de le « réparer » en cas de problèmes ? René Prêtre, célèbre chirurgien cardiaque et professeur honoraire à l’Université de Lausanne, vous dévoile les secrets de cet organe vital.
Speaker:
René Prêtre, le cœur pour passion
Portrait de cet organe exceptionnel avec le pionnier de la chirurgie cardiaque pédiatrique.
Spécialisé dans les anomalies cardiaques congénitales et la transplantation, René Prêtre a consacré sa vie à sauver des nouveau-nés et de jeunes enfants.
Élu Suisse de l’année en 2009, il rejoint le CHUV en 2012, où il passe dix années à la tête du Service de chirurgie cardiaque. Une décennie au cours de laquelle il développe sa discipline et impose l’établissement comme une référence dans le domaine.
Après avoir annoncé sa retraite l’an dernier, il demeure néanmoins actif au sein du Service de chirurgie cardiaque du CHUV, se consacrant désormais à des patients adultes.
C’est lors d’une pause avant une intervention qu’on parvient à interviewer ce passionné, fasciné par « cet organe qui ne s’arrête jamais de battre pendant en moyenne 81 ans pour les hommes, 85 pour les femmes. Durant notre sommeil, tous les autres s’assoupissent, ainsi que le métabolisme. Lui, jamais. À peine ralentit-il un peu son rythme. »
Et d’ailleurs, pourquoi bat-il — puisque tel est le titre de cette conférence ? Au lieu d’esquisser ce qui ne constituerait à son sens qu’une demi-réponse, René Prêtre préfère dresser un portrait du sujet en multipliant les angles : « Pourquoi s’est-il développé ? Pourquoi a-t-il deux moitiés, sachant que cela peut aussi bien être un avantage qu’un inconvénient ? Mais surtout, pourquoi la chirurgie cardiaque n’est-elle née qu’en 1955 alors qu’elle existait depuis trois siècles dans les autres domaines ? Tout cela est lié au fait que l’on ne peut pas arrêter la circulation, plus de quelques minutes sans obtenir des dégâts cérébraux majeurs » amorce-t-il.
Pour en savoir davantage sur la raison de ses battements et la manière de l’opérer, il faudra assister à la conférence du 3 juin. Car pour le chirurgien, il est déjà temps de retourner au bloc, où un jeune homme attend une transplantation. Un cas difficile, d’ailleurs René Prêtre s’inquiète : le cœur est en retard, la faute aux transports. Et de rappeler que dans ce domaine, il n’y a de place ni pour l’erreur ni pour le hasard. Un grain de sable dans l’organisation, et l’issue de l’opération peut être fatale.
chirurgien cardiaque
Joëlle Fabre
Modératrice (24 heures)
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La santé commence-t-elle dans l’assiette?
Discussion
On dit souvent que la santé passe par l’alimentation, pourtant il devient difficile de s’y retrouver. Nous avons beau être soumis quotidiennement à une multitude d’informations qui vantent les bienfaits de différents régimes, nous continuons pourtant à consommer des plats avec une liste d’ingrédients à rallonge. Est-il dès lors encore possible de sortir de cette jungle et de réussir à bien s’alimenter? Si oui, comment faire pour que cela ait un réel impact sur notre santé ?
Speaker:
« Un aliment sain est un aliment simple »
Le chef Carlo Crisci, propriétaire de La Fleur de Sel à Cossonay, en est convaincu : la santé commence dans l’assiette.
« En médecine chinoise ou indienne, la nourriture est un remède », rappelle le maître queux. Excellente nouvelle, il n’est pas nécessaire d’être un magicien des fourneaux pour manger sainement : pour cela, mieux vaut choisir « les aliments les plus simples et fuir ceux qui sont trop transformés », résume-t-il.
Proposer un bon produit préfabriqué relève véritablement du défi. Par conséquent, si l’on est trop pressé pour cuisiner, on préférera les mets surgelés à ceux tout prêts que l’on trouve au rayon frais, hélas généralement truffés de conservateurs et autres additifs.
Hélas, déplore Carlo Crisci, le combat contre la malbouffe est loin d’être gagné. Deux raisons l’expliquent. La première est liée au budget — des consommateurs à la grande distribution, tout le monde recherche les prix les plus bas. Tout irait bien si un deuxième paramètre ne venait compliquer la donne : on veut avoir du choix. Et les acheteurs souhaitent qu’il soit le plus large possible. C’est très probablement ce point qui est en train de tuer les petits commerces.
Car s’ils ont pu se serrer la ceinture pour aligner leurs tarifs sur ceux des grandes surfaces, « les boulangers de quartier ne sont guère en mesure d’offrir une vingtaine de pains différents à leur clientèle », souligne-t-il. Pas plus qu’un maraîcher ne vendra des fraises en janvier.
A ce rayon aussi, la simplicité devrait également être de rigueur : après tout, a-t-on vraiment besoin de se voir proposer en permanence 25 sortes de yaourts ou une quarantaine de chocolats ? Ne vaudrait-il en avoir moins à disposition, certes, mais de meilleure qualité ? A nous, consommateurs, de décider.
Carlo Crisci a pour sa part choisi son camp : moins, c’est mieux. « Tenez, ce soir, je vais rentrer tard, je vais me préparer des bruschette. Rien de compliqué : du pain grillé, de l’huile d’olive, de la fleur de sel. Il fonctionne aussi en version sucrée au petit déjeuner, vous pouvez y ajouter un demi fruit de la passion avec ses pépins. » De quoi vous faire passer le goût des céréales bon marché.
chef étoilé au restaurant La Fleur de Sel à Cossonay
Amandine Moeri
nutritionniste au Centre Sport et Santé (CSS)
Josef Zisyadis
directeur de la Fondation pour la Promotion du Goût
Claude Ansermoz
modérateur (24 heures)
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« Les Experts » dans la vraie vie : les morts révèlent leurs secrets.
Conférence
Depuis quelques années, les médecins légistes sont devenus les héros de nombreuses séries télévisées. Des professionnels capables de résoudre les pires crimes en un temps record. Mais jusqu’à quel point la fiction dépasse-t-elle la réalité ? Silke Grabherr, directrice du Centre universitaire romand de médecine légale, est bien placée pour aborder le sujet. Célèbre pour ses travaux qui ont permis d’élaborer des procédures de réalisation d’angiographies post-mortem, la spécialiste est également l’auteure de La mort n’est que le début… de l’enquête du médecin légiste, best-seller publié aux Editions Favre en 2020.
Speaker:
« Les Experts », de l’écran à la vraie vie
Où l’on découvre avec la médecin légiste, Silke Grabherr que cette profession passionnante est souvent très loin de l’imaginaire véhiculé par les séries.
Il y a donc un monde entre Les Experts et la réalité. Dans la vraie vie, pour commencer, un légiste ne s’occupe pas uniquement de faire parler les morts. « Nous sommes les médecins de la justice. On fait appel à nous pour examiner des victimes d’agression ou des enfants maltraités; nous travaillons au service de la population tout entière », relève Silke Grabherr.
Professeure à l’UNIL, cette spécialiste de l’imagerie forensique a mis au point une technique innovante — l’angiographie post mortem — aujourd’hui utilisée dans le monde entier. Justement, que peuvent bien nous raconter les morts ? De l’heure à l’origine du décès, ils peuvent parfois se montrer très bavards, pour autant que les analyses nécessaires soient réalisables au moment où le corps est retrouvé.
Reste que, contrairement à ce que l’on met en scène sur petit ou grand écran, faire parler un mort est un travail d’équipe : « On voit souvent une personne assumer en solo cette partie de l’enquête or, c’est impossible », précise-t-elle.
La quantité de cas suivis constitue un autre point où la réalité est à des années-lumière de la fiction. Les personnes qui œuvrent aux côtés de Silke Grabherr en traitent une cinquantaine à la fois, contre une seule au cinéma ou à la télévision !
« Par ailleurs, après avoir rendu notre rapport, nous ne sommes pas tenus au courant de l’issue de l’affaire. Si nous apprenons ce qui s’est passé, c’est souvent par la presse ou au hasard des rencontres au tribunal, en posant la question au juge concerné », poursuit-elle.
On s’en doute, les meurtres sont loin de constituer le pain quotidien des légistes. « On nous appelle sur des accidents de la route ou lorsqu’une personne trépasse au cours d’une opération, par exemple. » Quel intérêt ? « Déterminer la cause du décès permet aussi de trouver son responsable », précise-t-elle. Autrement dit, une mort naturelle peut se voir requalifier d’homicide par négligence, enclenchant dans la foulée une procédure légale. Et c’est peut-être sur ce dernier point que, parfois, réalité et fiction se retrouvent.
médecin légiste et directrice du Centre universitaire romand de médecine légale
Flavienne Wahli Di Matteo
modératrice (24 heures)
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Expériences de mort imminente : la science face à une énigme.
Discussion
Sensation de bien-être exceptionnel, vision d’un tunnel, d’une lumière vive… Depuis les années 70, les expériences de mort imminente sont un phénomène qui intrigue. Sommes-nous face à de simples hallucinations ou faut-il y voir une preuve de la vie après la mort ? Alors que le débat fait rage, des témoignages troublants s’accumulent. La science, elle, se retrouve aujourd’hui encore face à une véritable énigme.
Speaker:
Mort imminente, des expériences sur le fil entre science et spiritualité
Jacques Besson, professeur honoraire de psychiatrie à l’UNIL abordera la question.
Une lumière blanche, des présences amicales, puis le retour ici-bas, où la vie ne sera plus jamais comme avant : autant d’éléments récurrents dans nombre de récits de voyage que rapportent les personnes au retour d’une incursion dans l’au-delà.
Qu’en pensent les scientifiques ? Loin de faire passer tous ces « voyageurs » pour de doux dingues ou des rêveurs, certains s’appuient sur les recherches menées sur des états de conscience modifiés pour risquer une hypothèse : un autre monde semble bel et bien possible. De nombreuses études montrent désormais que la méditation ou la transe chamanique agissent sur nos neurones. « Ces recherches nous amènent à nous interroger sur la conscience : est-elle une simple sécrétion neuronale ? Ou s’agit-il de quelque chose qui nous dépasse, à quoi on accéderait au moyen de ces pratiques ? » se demande Jacques Besson.
Entre les neurologues qui se pensent en mesure de délivrer des réponses scientifiques à toutes les questions et ceux qui envisagent le cerveau comme un transistor, il y a un monde. Et cette distance nous rappelle que, au fond « nous ne savons toujours pas très bien ce qu’est la conscience » conclut-il.
On commence en revanche à mieux cerner, grâce à l’imagerie cérébrale, comment ces fameux états de conscience modifiés agissent sur nos neurones. « On a ainsi pu voir que prier apporte de la sérénité. Cela permet à des personnes ayant abusé de l’alcool ou de la drogue de s’en sortir en se reliant à une dimension qui les dépasse », souligne le psychiatre, qui a longtemps travaillé en addictologie.
psychiatre, professeur honoraire UNIL
Catherine Cochard
modératrice (24 heures)
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Les mystères des « faiseurs de secret »
Conférence
Longtemps considéré·e·s comme des charlatan·nes, les guérisseurs·euses ont aujourd’hui changé de statut en Suisse romande, et sont désormais implanté·e·s dans la plupart des hôpitaux, notamment au CHUV de Lausanne. Comment expliquer cette forme de médecine alternative ? Tout le monde peut-il devenir guérisseur·euse ? D’où vient le succès grandissant de ces énergéticien·nes, magnétiseurs·euses ou faiseurs·euses de secrets ? Pour en parler Magali Jenny, docteure en anthropologie des religions à l’Université de Fribourg et de Rome, et auteure du livre best-seller Guérisseurs, rebouteux et faiseurs de secret en Suisse romande.
Speaker:
À la découverte des faiseurs de secrets avec Magali Jenny
Anthropologue, elle est aussi l’auteure du Nouveau guide des guérisseurs de Suisse romande.
Avec 80’000 exemplaires vendus — l’ouvrage en est à sa quatrième version depuis la toute première parue en 2008 ! –, Magali Jenny a réalisé un impressionnant succès de librairie. Preuve s’il en faut que le grand public s’intéresse aux médecines parallèles.
Pour cette conférence, elle a choisi de se concentrer sur les faiseurs de secret, « parce que ce sont les plus mystérieux dans ce domaine », souligne-t-elle. En effet : il suffit de les contacter, de leur transmettre quelques informations sur la personne ayant besoin de leur aide — nom, prénom, date de naissance, lieu où elle se trouve au moment de l’appel, type et localisation de la blessure, les demandes varient selon les praticiens — et l’affaire est dans le sac. Adieu verrues, migraines, brûlures et autres maux.
La méthode peut prêter à sourire; il n’en reste pas moins que de plus en plus d’hôpitaux y recourent. Parallèlement, les faiseurs mettent volontiers leurs « patients » en garde : sans amélioration et en cas de problème grave, mieux vaut aller consulter un spécialiste.
Le « secret » constitue en outre une spécificité régionale : s’il en existe de similaires chez nos voisins français ou espagnols, du côté alémanique de la Sarine, on préfère prier. Pourquoi diable ? « Le faiseur murmure une formule qui, généralement, fait référence à un saint ayant subi un martyr en lien avec le mal que l’on traite », explique Magali Jenny. Ainsi, pour soulager les brûlures, on se tournera vers Laurent — mort sur le bûcher; tandis que pour des maux de dents, on fera appel à Apolline, à qui l’on avait arraché toutes les siennes. « Dans les milieux réformés, qui ne reconnaissent pas les saints, on s’adresse directement à Dieu », complète la chercheuse.
Reste qu’il ne suffit (hélas !) pas de connaître une formule pour se lancer : « Il faut l’avoir reçue d’un faiseur de secret. La capacité de se connecter à la personne qui réclame de l’aide est également nécessaire », souligne-t-elle. Cette faculté, à l’instar de la transe ou de la méditation, activerait-elle une zone particulière du cerveau chez ceux qui y recourent ? La question demeure entière. Mais Magali Jenny espère bien voir une équipe de recherche s’en emparer un jour ou l’autre.
anthropologue, collaboratrice au Tibet Museum et chargée de cours à Unidistance
© Christian Pfammatterst
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Qui veut devenir un cyborg ?
Spectacle
Connecter son cerveau à une intelligence artificielle, qui n’en a jamais rêvé ? Pas vous ? Pourtant, aujourd’hui, vous serez peut-être l’heureux·se élu·e de « Qui veut devenir un cyborg ? » Une émission de télévision dystopique comme on pourrait en voir… en 2023. Une conférence-spectacle de vulgarisation scientifique répondant à la question: comment et pourquoi connecter le cerveau à une intelligence artificielle ?
Speaker:
Qui veut devenir un cyborg ?
C’est avec cette question que Yohann Thenaisie interpellera le public en une conférence-spectacle à 10’000 volts, à l’image de son créateur qui cumule les casquettes de neuroscientifique et de comédien.
Vainqueur en 2021 de Ma thèse en 180 secondes, Yohann Thenaisie a un don : celui de la vulgarisation. Tout aussi doué pour la comédie, il met ces deux talents au service de cette science qui le passionne.
L’audience jugera sur pièces, puisque le scientifique déroulera justement son propos sous forme de conférence-spectacle. « Il y sera question de neuroprothèses et des interfaces cerveau-machines utilisées dans un cadre médical. Je présenterai leur application à des personnes souffrant du syndrome d’enfermement, qui consiste en une paralysie totale n’affectant cependant ni la conscience ni la fonction cognitive », précise-t-il.
Est-il possible de connecter le cerveau de ces personnes pour leur permettre de communiquer à nouveau ? Comment repérer l’activité électrique nécessaire ? Des questions pour lesquelles il esquissera des réponses en utilisant un cobaye choisi dans la salle. Une opération sera mise en scène, l’occasion pour lui « de montrer en direct comment on peut connecter cerveau et machine ».
L’interactivité sera également au programme de la deuxième partie de son spectacle, durant laquelle il proposera un quiz. Thème : réalité ou science-fiction ? On ne compte plus les films et séries où les voyages dans l’hyperespace et le temps sont monnaie courante, où l’on revêt un exosquelette pour effectuer des tâches pénibles et où les IA sont plus futées, polies et rigolotes que nos collègues ou nos voisins. « Reste qu’aujourd’hui, certaines de ces inventions existent – c’est notamment le cas des bras robotiques que l’on voit dans La guerre des étoiles », souligne-t-il. On n’en saura pas davantage pour le moment, il faudra pour cela attendre la conférence-spectacle.
Nul doute que Yohann Thenaisie trouvera de quoi étonner l’audience, car il est doté d’un autre superpouvoir : une insatiable curiosité. C’est d’ailleurs elle qui l’a éloigné de la recherche scientifique. « J’aime apprendre, le domaine des interfaces cerveau-machine évolue vite, mais le processus de la recherche scientifique – de manière générale – est lent. Vulgariser me permet de m’intéresser à une foule de choses et de les partager largement. »
docteur en neurosciences et vainqueur international de «Ma thèse en 180 secondes»
© UNIL, Félix Imhof
Revivre:
Le changement climatique impacte-t-il la santé ?
Discussion
Le lien entre changements climatiques et santé est un sujet brûlant, fortement mis en évidence durant la pandémie de Covid-19, mais qui se situe aujourd’hui encore au cœur de l’actualité. Les axes de réflexion et de dialogue sur le sujet sont multiples et susceptibles, surtout, de toucher tout un chacun. Cette table ronde réunira donc trois expert·e·s de l’UNIL qui aborderont avec le public les thématiques suivantes :
- Quelle est la situation dans les pays du Sud, déjà fortement impactés par les changements climatiques ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer ?
- Au niveau Suisse, quel est l’impact du système de santé sur l’environnement ?
- Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur l’expansion d’espèces invasives, telles que le moustique-tigre ?
Speaker:
Comment le changement climatique influence notre santé
La biologiste Cleo Bertelsmeier a étudié le cas des insectes envahissants, emblématique de la manière dont ce phénomène facilite l’expansion d’une espèce invasive.
La chercheuse, professeure assistante au Département d’écologie et évolution de l’UNIL, apportera ses connaissances en matière d’expansion des espèces au débat qui réunira en outre ses collègues, la médecin épidémiologiste Valérie d’Acremont, et Nicolas Senn, d’Unisanté.
Sa spécialité ? Les insectes : « Nous autres, humains, déplaçons des milliers d’espèces lors de nos voyages, notamment en avion. C’est également le cas quand nous emmenons des marchandises ou des plantes d’un point à un autre, que ce soit par voie terrestre ou aérienne », rappelle-t-elle. Et d’ajouter que le moyen de transport préféré des moustiques tigres est les pneus. Elle précise « Les petites flaques d’eau qui stagnent à l’intérieur constituent un environnement idéal pour leur reproduction comme pour leur déplacement. »
Pendant longtemps, tout allait (relativement) bien : les changements de température en cours de route et les hivers, suffisamment rigoureux sous nos latitudes, avaient facilement raison des velléités expansives de ces minuscules envahisseurs en provenance des zones tropicales, qui sont les plus riches dans le monde en espèces.
Est arrivé le changement climatique. La mauvaise saison est devenue plus douce. Et la machine s’est grippée.
« Son influence se joue sur trois plans : premièrement, les espèces survivent mieux au transport. Ensuite, leur établissement est facilité. Et enfin, il fragilise celles qui, sur place, seraient à même d’opposer une résistance à ces nouveaux arrivants. »
Autant de facteurs qui expliquent que, outre les moustiques-tigres, qui font désormais partie de notre paysage estival, on voit apparaître d’autres hôtes moins sympathiques. Un exemple ? « Depuis plusieurs hivers, dans le Sud de la France, on a repéré quelques spécimens de fourmis électriques. Celles-ci doivent leur nom au fait que leur piqûre est tout particulièrement douloureuse », précise Cleo Bertelsmeier.
De quoi, peut-être, nous motiver à mettre en place les changements nécessaires pour préserver le climat.
chercheuse, professeure assistante au Département d’écologie et évolution de l’UNIL
Prof. Nicolas Senn
chef du Département médecine de famille (Unisanté)
Prof. Valérie D’Acremont
responsable du secteur Santé globale et environnementale (Unisanté)
Juliane Roncoroni
modératrice (RTS)
© Nicole Chuard
Revivre:
Jean Troillet, la vie à 8’000 mètres d’altitude
Conférence
Légende de l’alpinisme et guide de montagne, le Suisse Jean Troillet s’est spécialisé dans l’ascension des sommets de plus de 8000 mètres. Il en a gravi dix sans aucun apport d’oxygène, dont l’Everest en 1986. L’aventurier viendra ainsi livrer son témoignage de vie à haute altitude et expliquer l’évolution du corps et de ses sensations lorsqu’on se trouve sur le toit du monde.
Speaker:
Jean Troillet, des sommets au grand Nord
Comment se réinventer lorsque le corps dit stop ? Pour le célèbre alpiniste, il a fallu changer de plan et passer de la verticale à l’horizontale. Coup de projecteur sur une renaissance.
De la descente de l’Everest en snowboard au record de vitesse de l’ascension de sa face Nord avec Erhard Loretan, Jean Troillet, natif d’Orsières (VS) a une foule d’exploits à son actif, dont une dizaine de sommets de plus de 8000 mètres.
Mais après un AVC survenu en pleine ascension sur la face ouest des Annapurna en 2011, cet infatigable aventurier se résout à lever le pied, mettant fin aux sommets. « A la demande de mes enfants », souligne-t-il.
Il ne s’en cache pas, les quinze jours suivants cette décision ont été difficiles : « A 8000 mètres, on est dans un autre monde, plus près de l’au-delà. J’ai eu besoin de temps pour accepter que je ne revivrais plus ces moments-là. »
Pas question pour autant de prendre sa retraite d’explorateur : « S’arrêter ne signifie pas que l’on baisse les bras. Cela veut tout simplement dire que l’on va faire autre chose. » Une belle leçon de résilience. « J’ai la chance d’être à l’aise dans tous les éléments, que ce soit en mer, en montagne, dans les déserts, sur les volcans ou en haute altitude, je suis un véritable enfant gâté », lance-t-il. Il décide donc de passer des neiges verticales aux horizontales et se tourne vers les pôles.
Une expédition l’emmène rendre visite aux ours polaires, puis au paradis des oiseaux, sur l’île de Baylot, dans le Canada antarctique. Ce qui le fait avancer ? « Mon envie d’aller plus loin, de la découverte de soi et surtout de la nature — l’Himalaya a été un terrain de jeu exceptionnel, mais il y a tant de beaux endroits à explorer sur cette planète ! »
Durant sa conférence, il présentera trois temps forts de sa carrière illustrés par des courts films. On y verra tour à tour une arrivée au sommet à 8000 mètres, des images tournées lors de son AVC ainsi que ses aventures au pôle. Il évoquera également son désir de partager sa passion pour la nature et la découverte, notamment avec les plus jeunes, par le biais de sa fondation. Après avoir bourlingué sur tous les terrains imaginables et par tous les temps, il demeure convaincu d’une chose : « La plus belle des aventures, cela reste l’amitié. »
égende de l’alpinisme
Grégoire Millet
spécialiste de l’ultra performance et chercheur, ISSUL
Romaric Haddou
modérateur (24 heures)
Revivre:
Parler VIH sur les réseaux sociaux. Rencontre avec Supersero
Conférence
Pourquoi parler du VIH sur les réseaux sociaux ? Pour l’influenceur Supersero, ils permettent – entre autres – d’aborder la question de la stigmatisation et des discriminations subies par les personnes qui vivent avec ce virus. Un moyen donc, d’apporter un regard nouveau sur le VIH, afin que cessent la stigmatisation des personnes concernées.
Speaker:
A l’assaut des idées reçues sur le VIH et le sida
Sur les réseaux, Supersero n’a pas peur de poser les questions qui dérangent, toujours avec du recul et une once de poil à gratter. Une formule qui fait mouche.
« Séropo mais rigolo » : d’emblée, Supersero donne le ton sur son compte TikTok, qui rassemble plus de 160’000 followers. Egalement présent sur Instagram et YouTube, ce trentenaire est en outre l’auteur du Petit Dico des superséros : À l’usage des personnes vivant avec le VIH… mais aussi des autres ! paru en novembre dernier. Des canaux variés au service d’un même but : restituer la parole sur le VIH aux personnes concernées. Et transmettre le plus largement possible des infos sur cette infection qu’il faut apprendre à dissocier du SIDA — « ce sont deux choses différentes », rappelle-t-il.
C’est à la faveur de la pandémie que Nicolas Aragona à la ville est devenu Supersero à l’écran. Sa séropositivité, il l’a découverte il y a bientôt treize ans — événement qui fait d’ailleurs l’objet d’une vidéo. « La gestion du covid en France a mis en évidence l’échec de celle du VIH. Le suivi des contacts arrive par exemple très tard, alors que cela pourrait préserver des vies, sachant qu’un tiers des personnes séropositives apprennent qu’elles sont porteuses a un stade avancé de l’infection — c’est-à-dire plusieurs années après avoir été infectées. »
En ligne de mire aussi, les associations, dont les discours et revendications sonnent manquent régulièrement leur cible, car elles ont exclu de leurs rangs celles et ceux qui sont concernés. « En matière de VIH, c’est un peu comme si l’on demandait à une assemblée d’hommes de traiter des violences faites aux femmes », résume-t-il. Sa franchise remet les personnes séropositives au centre d’un débat dont elles sont trop souvent évincées. Elle ne lui vaut, on s’en doute, pas que des amis.
Supersero s’en moque, pourfendant idées reçues, discours moralisateurs et autres campagnes de prévention maladroites. « Pour venir à bout de ce qu’il faut bien appeler une épidémie mondiale — en 2021, 650’000 personnes sont mortes de causes liées au SIDA sur la planète— nous devons commencer par admettre que la question dépasse le domaine de la santé et les frontières nationales.
Le covid a mis en lumière des failles en termes de gestion épidémique. Il est grand temps de se mettre au travail sérieusement. »
influenceur et fondateur de l’association Supersero
David Jackson-Perry
docteur en sociologie, chargé des missions VIH au service des maladies infectieuses (CHUV), directeur de Positive Life Festival
Julie Kummer
modératrice (RTS)
Revivre:
« On ne naît pas homme, on le devient »
Spectacle
Auteur, réalisateur et comédien français, Océan a été particulièrement suivi dans les médias et sur les réseaux sociaux lors de son coming-out trans en 2018, puis à la sortie de son film documentaire éponyme, diffusé un an plus tard, qui retraçait sa transition de genre. Comment peut-on être féministe tout en embrassant certains codes de la masculinité et en changeant de sexe à l’état civil ? Comment se comporter face au sexisme quand on est soi-même perçu comme un homme cisgenre dans l’espace public ? Quelle attitude adopter avec les femmes une fois qu’elles vous perçoivent comme un homme cisgenre ? Dans son nouveau spectacle seul en scène, présenté en avant-première à l’UNIL, Océan fait le bilan de ce que ce changement de genre et sa lutte inlassable contre les discriminations ont changé à sa vie.
Speaker:
« On ne naît pas homme, on le devient »
L’auteur, réalisateur et comédien n’a pas volé son prénom car des océans, il en a traversé de vastes, entre son coming-out trans en 2018 et la sortie d’un film relatant sa transition de genre.
Océan a choisi de présenter son expérience sous forme de conférence-spectacle, sur un fil tendu entre humour et émotion : « Je privilégie un angle intime, je raconte ce que j’ai vécu avec mon approche d’humoriste. Rire permet de créer du lien avec le public et lui donne l’occasion de peut-être changer sa façon de voir les choses», souligne-t-il.
On craint souvent ce que l’on ne connaît pas et, il en est convaincu, nombre de réactions et agressions sont davantage dues à de la méconnaissance qu’à de la pure malveillance. Son intervention sera surtout l’occasion pour lui de s’emparer du sujet et de délivrer le point de vue d’une personne concernée par le sujet : « Ce thème est très présent sur la scène médiatique — en 2022, l’association française AJLGBT a recensé plus de 430 articles abordant la transidentité. Mais un sur quatre seulement donnait la parole à une personne trans. » Rien de tel pour véhiculer des idées reçues, voire transphobes.
Pour les contrer, il a choisi de se battre avec ses propres armes : « Vous ne m’entendrez pas dire que j’étais enfermé dans un corps qui n’était pas le mien ». Refusant ce type de discours binaires, il préfère interpeller le public et le pousser à se questionner : comment chaque personne envisage sa masculinité ou sa féminité ? Qu’est-ce qui vient de soi et qu’est-ce qui nous est transmis par la société ? Autant de questions que, comme toutes les personnes trans, il a été obligé de se poser en profondeur.
« Par la force des choses, nous avons une longueur d’avance sur le sujet ! », rappelle-t-il. Autant en profiter et partager ce qu’il en a retenu. « Parce qu’il y a nécessité et urgence à ce que les hommes renoncent à leur domination et réfléchissent à une alternative aux masculinités traditionnelles, à combattre le sexisme en profondeur — je suis là pour les y encourager. Quant aux femmes, je leur suggère de repenser le « groupe des femmes » de façon plus large et plus inclusive. »
réalisateur
© Lucie Rimey-Meille